Salaire des frontaliers avec la Suisse : est-ce vraiment la panacée ?

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Vous habitez en France et envisagez d’aller travailler en Suisse. Quels sont les avantages et les inconvénients pour un frontalier Suisse ?
Frontalier Suisse : pourquoi travailler en Suisse ?
Frontalier Suisse : pourquoi travailler en Suisse ?

De nombreux Français exercent leur activité professionnelle de l’autre côté de la frontière, en Suisse. Ce phénomène concerne principalement les régions proches comme la Franche-Comté ou la Haute-Savoie. Ils sont souvent attirés par des salaires plus élevés et un marché de l’emploi dynamique. Mais est-ce si intéressant de travailler en Suisse quand on vit en France ? Qui sont ces travailleurs frontaliers ? Quels sont les avantages et les inconvénients au statut de travailleur frontalier avec la Suisse ?

1- Qui sont les travailleurs frontaliers Suisse ?

Une étude de l’Urssaf établit ainsi le portrait robot du travail frontalier Suisse : un homme salarié de 42 ans, habitant en Haute-Savoie et travaillant dans le canton de Genève.

💡 Voici quelques statistiques concernant les travailleurs frontaliers du Doubs et du Territoire de Belfort. Le frontalier est souvent un homme travaillant dans l’industrie manufacturière. En effet près de 40 % des frontaliers du Doubs et 45 % de ceux du Territoire de Belfort exercent dans l’industrie manufacturière et seulement 14% dans les services administratifs. 44% des frontaliers venus du Territoire de Belfort exercent dans l’industrie manufacturière et seulement 12% dans le commerce et la réparation automobile. 60% d’entre eux sont des hommes. 

En France en 2023, 224 000 français ont choisi le statut de travailleur frontalier en Suisse, soit une augmentation de + 5 % en un an. 106 488 travailleurs frontaliers exercent dans le canton de Genève. Parmi eux, 74 % viennent de Haute Savoie et 19 % viennent de l’Ain. 25% des Doubiens travaillent dans le canton de Vaud, le plus proche géographiquement.

2- Quels sont les avantages d’un statut de frontalier Suisse ?

Avantages du travail frontalier Suisse

Ils sont de plus en plus nombreux à faire ce choix. Qu’est-ce qui incite les Français à aller travailler en Suisse ? Voici trois raisons principales.

Un salaire plus élevé en Suisse

A poste équivalent, les salaires suisses sont en général nettement supérieurs aux salaires français. Quels sont les différences de salaire entre Suisse et France ?

En Suisse, le salaire médian brut est d’environ 6 700 CHF par mois (environ 6 800 € brut selon le taux de change) contre 2 100 € par mois en France.

Le revenu fiscal de référence individualisé (RFRI) moyen des frontaliers s’élève à 55 599 €. Cependant, au sein de ce groupe, nous observons des différences selon les départements d’origine. En effet, le revenu moyen des frontaliers du Territoire de Belfort s’élève en moyenne à 43 924 € par an tandis que les frontaliers venus du Doubs perçoivent un revenu moyen annuel de 49 570 €. Ceux-ci exercent majoritairement des emplois industriels.

A poste équivalent, les salaires suisses sont en général nettement supérieurs aux salaires français.

En revanche, les frontaliers venus de l’Ain ou de la Haute-Savoie déclarent des revenus significativement plus élevés, 61 991 € dans l’Ain par exemple, car ils exercent dans des secteurs plus lucratifs.

Accès à un marché de l’emploi dynamique

Ensuite, le marché de l’emploi en Suisse s’avère particulièrement dynamique, avec un taux de chômage bas et une forte demande dans certains secteurs clés comme la finance, la santé, l’ingénierie, l’horlogerie ou encore les technologies. Ces secteurs d’activité attirent régulièrement des profils qualifiés, notamment parmi les Français.

La vitalité économique du pays permet aux frontaliers d’accéder plus facilement à des postes bien rémunérés, valorisants et valorisés. Travailler en Suisse peut ainsi représenter une réelle opportunité dans un parcours professionnel.

Sans compter que la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs poussent les entreprises Suisses à offrir des salaires plus attractifs. La Suisse connaît notamment une pénurie de personnel qualifié dans le domaine industriel, de la santé, des soins à la personne ou encore dans l’éducation.

Coût de la vie plus bas côté français

En vivant en France tout en travaillant en Suisse, les frontaliers bénéficient d’un pouvoir d’achat nettement supérieur. En effet d’une part les salaires suisses sont plus élevés mais les loyers, les frais de santé, les courses alimentaires ou encore les services du quotidien sont moins coûteux en France qu’en Suisse.

Ces deux paramètres permettent aux frontaliers de réaliser des économies importantes et d’épargner plus facilement. Ainsi, le statut de frontalier offre un avantage stratégique en matière de budget et de qualité de vie.

Un travailleur frontalier peut ainsi doubler voire tripler son revenu par rapport à un poste similaire en France. Toutefois, il faut aussi prendre en compte les coûts associés au statut frontalier.

3- Quels sont les inconvénients du travail frontalier Suisse ?

Les inconvénients du statut de travailleur frontalier suisse

Si le travail frontalier présente des avantages très incitatifs, il a aussi des inconvénients à prendre en compte. Voyons lesquels.

Trajets quotidiens chronophages

Les trajets quotidiens entre la France et la Suisse peuvent être longs et fatigants, surtout dans les zones frontalières très fréquentées comme Genève. Ces déplacements peuvent facilement atteindre deux heures par jour, ce qui impacte la qualité de vie et le temps libre.

La fatigue liée aux trajets s’accumule, surtout en cas de conditions météo difficiles ou de contrôles frontaliers renforcés. Pour certains, ce rythme peut devenir pesant sur le long terme, malgré les avantages financiers. Il s’agit également prendre en compte les coûts de ces trajets quotidiens s’ils ne sont pas pris en charge par l’entreprise.

Les frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté parcourent en moyenne 43 kilomètres pour rejoindre leur lieu de travail en Suisse. Cette distance est supérieure à celle effectuée par des frontaliers d’autres régions comme l’Auvergne-Rhône-Alpes (28 kilomètres).

Frontalier affilié au régime suisse (LAMal) : le paiement de l’assurance maladie

Côté assurance maladie, tout n’est pas simple pour les frontaliers. Il faut parfois jongler entre les systèmes suisses et français, ce qui entraîne des démarches pouvant s’avérer lourdes et complexes.

Depuis la réforme de 2014, les frontaliers relèvent de l’Assurance maladie en Suisse mais ils peuvent choisir l’Assurance maladie française. Beaucoup privilégient le système suisse, contribuant ainsi à une diminution des affiliés français. Toutefois, sur les 224 000 frontaliers actifs, 152 000 cotisent en France, soit 68%.

💡 En Suisse, les primes d’assurance maladie représentent des coûts élevés, souvent bien supérieurs à ceux de la sécurité sociale française. De plus, les remboursements sont basés sur les tarifs suisses, ce qui peut entraîner des restes à charge importants pour des soins effectués en France.

Une fiscalité complexe pour les frontaliers

Autre écueil du travail frontalier : la fiscalité. Celle-ci se révèle souvent complexe car elle dépend à la fois du canton suisse dans lequel travaille le frontalier et du département français dans lequel il habite.

De ce fait, certains frontaliers sont imposés à la source en Suisse, tandis que d’autres doivent déclarer leurs revenus en France. Pour éviter la double imposition dans les deux pays, il faut utiliser les dispositifs de crédit d’impôt.

Cependant, comme les conventions fiscales entre la France et la Suisse évoluent régulièrement, celles-ci peuvent s’avérer périlleuse à appliquer.

⚠️ La déclaration de revenus annuelle devient très fastidieuse et le risque d’erreur important, ce qui entraîne parfois des redressements fiscaux.

Taux de change variable

Les frontaliers perçoivent leur salaire en francs suisses mais dépensent en euros. Ils sont ainsi très sensibles aux variations du taux de change.

En effet, une baisse du franc suisse par rapport à l’euro peut réduire significativement leur pouvoir d’achat en France, sans modification de leur rémunération. Bien entendu, à l’inverse, une hausse du franc peut être avantageuse.

Cependant la variabilité entraîne une certaine instabilité pour la gestion du budget des frontaliers. Pour limiter cette instabilité, il est possible d’ouvrir des comptes en devises ou de convertir progressivement le salaire.

Une intégration professionnelle limitée

Enfin, l’intégration professionnelle des frontaliers peut également représenter un inconvénient pour les carrières professionnelles. Les horaires des travailleurs frontaliers sont parfois perçus comme rigides, car ils doivent tenir compte des temps de trajet et des contraintes douanières.

De plus, un clivage existe dans certaines entreprises entre les salariés suisses et les frontaliers, alimenté par des préjugés ou une certaine concurrence.

Certains Suisses estiment que les frontaliers prennent le travail des résidents. Cette distance, tant géographique que sociale, peut limiter les opportunités de promotion ou la participation à la vie de l’entreprise.

Les travailleurs frontaliers en Suisses sont perçus comme chanceux puisqu’ils bénéficient de salaires élevés pour un coût de la vie moindre dans leur pays de résidence, la France. Cependant, ce statut de frontalier ne va pas sans de réels inconvénients et certaines difficultés. Si l’opportunité se présente, à vous de peser le pour et le contre !

📷 Images  : France bleu et Pixabay
📝 Sources : Directement intégrées par des liens dans le texte de l’article.

Sommaire

    Aurore Rimbod

    Aurore est journaliste-rédactrice sur les sujets économiques, entreprises et sociaux.

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