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En 2021, près d'un million d'entreprises ont été créées en France, une des conséquences positives de la crise sanitaire de la COVID-19.

En 2021, alors que la crise du Covid-19 continuait de battre son plein, avec une partie de l‘année confinée et sous couvre-feu, l’autre marquée par l’instauration du passe sanitaire, les Français ont « monté leur boîte ».

Près de 996 000 nouvelles entreprises ont été immatriculées au cours des 12 mois, c’est 17,4% de plus qu’en 2020, qui était déjà une année record pour la création d’entreprise.

Quel est le type de forme juridique la plus plébiscitée? Quels secteurs tirent leur épingle du jeu? Et côté défaillances d’entreprise, où en sommes-nous? Faut-il se réjouir de cet engouement pour l’entrepreneuriat? Comment s’explique-t-il?

Le point dans cet article!

1- Les chiffres de la création d’entreprise 2021

Nombre d’entreprises créées en 2021

Dans notre article de septembre, nous faisions un premier point sur l’année 2021 en matière de création d’entreprises et constations la forte hausse qui se dessinait puisque, sur les 9 premiers mois de 2021,750 312 entreprises avaient été créées contre 598 324 sur la même période en 2020.

Sur le trimestre 4, l’Insee a enregistré:

  • Octobre 2021 : une augmentation de +6,7% tous types d’entreprises confondus ;
  • Novembre 2021 : un repli de –3,5 % tous types d’entreprises confondus ;
  • Décembre 2021 : une légère hausse de +0,8 % tous types d’entreprises confondus ;

Au 31 décembre, la tendance se confirmait donc : 2021 est une année record pour la création d’entreprise. En effet, sur les douze derniers mois, le nombre total d’entreprises créées augmente fortement (+17,4 %) pour atteindre  995.868 au total (contre 848 164 en 2020).

Quelles entreprises ont été créées en 2021 ?

La majorité des entreprises immatriculées en France sont des auto-entreprises mais le nombre de sociétés a également augmenté.

Nombre de créations d’entreprise selon leur forme juridique :

  • Micro-entreprises : 641 543 micro-entreprises ont été immatriculées. Ces entreprises individuelles au régime simplifié représentent 64,4% du total des entreprises créées, soit les 2/3. Leur nombre a augmenté de 17% sur un an (548 114 en 2020).
  • Entreprises individuelles classiques (hors micro-entreprise) : 83 367 entreprises individuelles ont été immatriculées sur l’année. Ces entreprises représentent 8,3% des immatriculations. Leur nombre n’a progressé que de 1,7% sur un an (81 996 en 2020).
  • Les sociétés : 270 958 entreprises ont été créées sous forme sociétaire. Les sociétés tous types confondus (SAS, SARL, SA, SASU, EURL etc.) immatriculées sur 2021 représentent 27,3 % du total. Leur nombre a augmenté de 24,3% sur un an (218 054 en 2020),

Création d’entreprise 2021 : quels secteurs ?

 En décembre 2021, les créations d’entreprises augmentent nettement :

  • dans le soutien aux entreprises (+5,3 %) ;
  • dans la construction (+5,6 %).

Globalement, sur les 12 mois de l’année 2021, les secteurs particulièrement concernés par les créations d’entreprises sont celles :

  • de services aux ménages : + 30%,
  • d’activités financières et assurance : +30,6%,
  • d’information et communication : +25,4%
  • de transports et entreposage (comprenant la livraison à domicile) : +24,9%.  Toutefois, en décembre 2021, ce secteur est celui qui contribue le plus à la baisse globale (–8 500 créations, soit une contribution de –3,4 points). Au sein de ce secteur, les autres activités de poste et de courrier représentent la baisse la plus marquée.

Non seulement le nombre d’entreprises augmente considérablement mais celui des défaillances reste très bas.

2- Les défaillances d’entreprise en 2021 : toujours au plus bas niveau !

Les chiffres des défaillances d’entreprises

Au premier trimestre, les données de la Banque de France faisaient état d’une chute de 40,9% du nombre de faillites en France en mars 2021 par rapport à 2020, date du début de la crise sanitaire.  Au 2ème trimestre, en dépit d’une augmentation de 14,2%, le niveau des défaillances restait encore à un niveau exceptionnellement bas. Au 3ème trimestre, à la fin du mois de septembre 2021, la somme des défaillances depuis le début de l’année était d’environ 14 600 contre environ 28 000 à la fin du mois de septembre 2019, soit une baisse de près de 48 %.  

Sur l’année 2021, d’après le suivi des défaillances effectué par la Banque de France, le nombre de défaillances d’entreprise cumulé sur un an s’élève à 27 285, soit un recul du nombre de défaillances de 12,7% par rapport à celui enregistré entre janvier 2020 et décembre 2020. Si l’on compare le cumul du nombre de défaillances sur un an à fin décembre 2021 au nombre de défaillances enregistré sur un an à fin décembre 2019, avant le début de la crise de la Covid-19, on observe un recul des défaillances de 46,6%.

Cette baisse du nombre de défaillance concerne toutes les catégories d’entreprise et la plupart des secteurs d’activité. Dans les secteurs les plus touchés par la crise et les mesures de restriction (S et S1), ce recul s’observe également, notamment dans l’hébergement restauration (- 38,0 % sur un an) et l’industrie (- 13,8 % sur un an).

Pour conclure, en dépit de l’instauration d’un passe sanitaire, la plupart des entreprises sont aujourd’hui en activité et le gouvernement abandonne progressivement les dispositifs de soutien. Pour autant, les chiffres de défaillances 2021 restent inférieurs à ceux de 2020. Contrairement à ce que l’on craignait, les observateurs ne font état d’aucun signe d’une prochaine vague de faillites d’entreprise.

Un nouveau dispositif : la PTSC

Une nouvelle Procédure de Traitement de Sortie de Crise (PTSC) a été introduite par la loi de mai 2021, et détaillée dans le décret paru le 17 octobre 2021. Cette procédure doit permettre à des entreprises économiquement viables mais endettées par la crise sanitaire de se remettre d’aplomb.

Entreprises concernées par la PTSC

Quelles sont les entreprises pouvant entamer une PTSC ?

  • Entreprises jusqu’à 20 salariés ;
  • dont le passif n’excède pas 3 millions ;
  • en cessation de paiements ;
  • disposant de fonds pour le paiement des créances salariales.

Les conditions pour bénéficier d’une PTSC :

  • présenter des comptes fidèles à leur situation financière ;
  • être en mesure d’élaborer rapidement un projet de plan de remboursement viable : la durée du plan de remboursement peut aller jusqu’à dix ans, y compris pour les PGE.
  • En faire la demande jusqu’à juin 2023.

La demande d’ouverture de la PTSC est à effectuer auprès du ministère public. Celui-ci  peut ouvrir une période d’observation pouvant aller jusqu’à trois mois et désigner un mandataire.

Toutefois, si aucun plan de remboursement n’est proposé à l’issue de cette période, la PTSC peut-être convertie en procédure pour défaillance : redressement ou de liquidation judiciaire.

L’objectif de la PTSC

Il s’agit d’inciter les chefs d’entreprise à utiliser les procédures de prévention avant de faire faillite. Autrement, l’arrêt des aides et le remboursement des premiers PGE au printemps 2022 pourraient avoir de fâcheuses conséquences. L’idée est réellement d’anticiper les difficultés à court terme.

La PTSC complète le mandat ad hoc « express », une procédure amiable à moindre coût  réservée aux entreprises de moins de dix salariés, également introduite par la loi de mai 2021.  

Les outils de sortie de crise suffiront-ils à anticiper la fin des aides et le retour « à la normale » ? Rien n’est moins sûr. 

3- Explosion de la création d’entreprise : une bonne nouvelle ?

Pour résumer, 2021 aura été marquée par un nouveau record de création d’entreprises et un nombre de défaillances au plus bas niveau. Faut-il s’en réjouir ?

Si l’entrepreneuriat est très dynamique, 2 entreprises sur 3 sont des auto-entreprises. Or, celles-ci sont parfois créées à la va-vite en quelques clics sur internet et leurs dirigeants n’ont pas toujours conscience de leurs obligations comptables, sociales et fiscales, aussi simplifiées soient-elles. En dépit d’un accompagnement à la création d’entreprise, notamment proposé par Pôle Emploi ou des sites d’accompagnement d’entrepreneurs, nombre d’entre eux déclarent ignorer certaines obligations légales : souscription à un service de médiation pour les entrepreneurs B to C, souscription à une RC pro pour certaines professions notamment réglementées, déclaration URSSAF, déclaration initiale de CFE etc.

Si l’on peut se réjouir de la dynamique des Français, de leur désir de se créer un emploi sur-mesure, en dehors du salariat, une autre réalité se cache aussi derrière ces chiffres. : celle des entrepreneurs pauvres. Selon l’Acoss :

  • 41 % des auto-entrepreneurs gagnent moins de 500€/ mois ;
  • le chiffre d’affaires  moyen d’un auto-entrepreneur se situe autour de 9250 € /an.

Certains exercent une activité salariée en complément, pour d’autres, il s’agit de leur unique revenu.

A titre d’exemple, les livreurs Uber Eat ou Delivroo ne sont pas salariés des plateformes de livraison mais indépendants avec le statut auto-entrepreneur. Le tout pour un chiffre d’affaires qui ne dépasse souvent pas 1000€/mois et une protection sociale sans commune mesure avec celle des salariés. Des indépendants tombent dans la précarité tandis que certaines entreprises profitent de ce statut pour ne plus proposer de contrat salarié (CDD/CDI etc.).

Ainsi, si le nombre de création d’entreprises en progression constante montre un réel engouement pour l’entrepreneuriat, il ne faut pas pour autant occulter certaines réalités moins réjouissantes. Il s’agit de rappeler aux candidats à la création d’entreprise que même une auto-entreprise nécessite de connaître ses droits, ses obligations et d’avoir une vision entrepreneuriale ! Sans cela, pas de liberté financière et une prise de risque souvent totalement minimisée.

Le plan des indépendants semble prendre la mesure du phénomène actuel en proposant une meilleure protection aux entrepreneurs individuels.

Sources : ici et ici et encore

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    Aurore R

    Aurore est journaliste-rédactrice sur les sujets économiques, entreprises et sociaux.