Contrôle technique moto : Un succès pour l’État, un échec pour les motards
- Economie
621 450 motos ont passé le contrôle technique
D’après les dernières statistiques du ministère des Transports, environ 800 000 véhicules, dont plus de 620 000 motos, ont déjà été soumis au nouveau contrôle technique mis en place le 15 avril dernier.
Après de nombreuses hésitations, le contrôle technique des deux-roues est finalement devenu obligatoire depuis le 15 avril 2024. Malgré les protestations des motards, qui ont largement appelé au boycott de cette mesure, cette dernière semble être progressivement acceptée, bien que de manière mitigée.
En tout, près de 800 000 véhicules de la catégorie L, c’est-à-dire les deux-roues motorisés, les quads mais aussi les voitures sans permis, ont déjà passé ce nouveau contrôle technique.
Parmi ces véhicules, 621 450 sont des motos, selon les dernières données officielles. Un chiffre jugé satisfaisant par une source gouvernementale, qui qualifie cette première année d’application de « succès », bien qu’avec une adoption encore très parcellaire.
Un premier bilan du nouveau contrôle technique loin de faire l’unanimité
Toutefois, ce premier bilan positif est loin de faire l’unanimité.
La Fédération française des motards en colère (FFMC), qui soutient les revendications des motards, estime que leur mobilisation contre ce contrôle technique moto commence à porter ses fruits.
Selon l’organisation, moins de 500 000 motos se sont présentées à ce contrôle, bien que le parc des deux-roues motorisés assuré en France soit d’environ 4,6 millions de véhicules, dont la moitié aurait dû théoriquement se soumettre au contrôle en 2024.
80% des motos éligibles au contrôle technique ne l’ont pas passé
Cela représente un taux de rejet de près de 80%. La FFMC dénonce dans un communiqué du 27 novembre que le contrôle technique tel qu’il est instauré ne répond pas aux besoins et attentes des usagers.
Des contrôleurs avec de sérieuses lacunes techniques
Les critiques à l’encontre du contrôle technique moto sont nombreuses, notamment en raison de ce que certains considèrent comme un manque de connaissance des inspecteurs techniques sur le matériel spécifique des motos.
Par exemple, « On a vu des contrôleurs refuser des motos sous prétexte qu’il y avait du jeu dans les disques de frein, mais c’est normal avec des disques flottants ! » s’indigne un animateur réseau à la FFMC.
Une simple formation de 34 heures suffit pour obtenir un agrément
La fédération rappelle également qu’une formation de seulement 34 heures suffit pour obtenir un agrément temporaire permettant d’effectuer ce type de contrôle.
D’après la FFMC, de nombreux motards rapportent des erreurs de diagnostic sur le Google Form « Raconte-moi ton CT » mis à la disposition des usagers par la Fédération Française des Motards en Colère.
Pour les motards, l’entretien de leurs motos est une priorité. Ils plaident pour que l’argent collecté grâce au contrôle technique moto soit utilisé pour améliorer la sécurité des infrastructures routières à l’instar les chaussées endommagées ou les éléments glissants comme les plaques d’égout ou les peintures sur la chaussée (ronds-points peints, passages piétons..etc).
Seulement 9 à 10 % de motos défaillantes
Du côté des professionnels, les premiers résultats des contrôles montrent que les deux-roues ont besoin de meilleurs soins.
Bernard Bourrier, PDG du réseau de contrôle Motovision, souligne qu’environ 9 à 10 % des motos sont jugés défaillantes, principalement à cause de problèmes liés aux pneus.
Du matériel de contrôle inadapté
En outre, il relève que le contrôle technique moto est limité, notamment en raison de l’impossibilité de tester les freins de manière complète, car les motos ne peuvent pas utiliser les bancs de freinage standards.
Le Ministère des Transports, de son côté, estime que le taux de contre-visite, qui dépasse les 10 %, démontre la nécessité de ce contrôle.
Parmi les défauts les plus fréquents observés, on trouve :
- des problèmes liés aux émissions polluantes,
- aux pneus endommagés,
- aux amortisseurs défectueux.
En réponse à la FFMC, le Ministère indique que le nombre de motos devant passer le contrôle cette année est en réalité bien inférieur à celui annoncé par l’organisation, précisant qu’environ 1 million de véhicules de la catégorie L doivent être contrôlés en 2024 et non la totalité du parc.
Une mise en œuvre progressive mais contestée
Il convient de rappeler que le contrôle technique pour les motos et autres véhicules de la catégorie L sera mis en place progressivement :
- La première vague concerne les véhicules immatriculés avant 2017.
- La deuxième, prévue pour 2025, concernera ceux enregistrés entre 2017 et 2019.
- Enfin, une troisième vague en 2026 impliquera les véhicules immatriculés entre 2020 et 2021.
Pour les véhicules plus récents, immatriculés depuis le 1er janvier 2022, le premier contrôle devra être effectué dans un délai de 4 à 5 ans après leur mise en circulation.
Contrôle technique moto : une efficacité peu évidente
En effet, il n’a pas été relevé au cours des 50 dernières années un phénomène significatif d’accidents de motos liés à un manque d’entretien de ces véhicules. Les passionnés soignent l’entretien de leur moto contrairement aux élus en charge de la voirie qui laissent les dégradations proliférer sans les traiter.
30 % des accidents mortels liés à un défaut de la route
Pire, ces décideurs mettent en place des éléments de voirie dangereux pour les motards à l’instar de la peinture apposée directement sur les bords des ronds-points ou les passages piétons dépourvus de peinture adaptée.
Le sujet a une nouvelle fois été pris à l’envers par le législateur qui souhaite imposer une mesure dont personne ne veut et certainement pas les principaux intéressés.
Au contraire de leurs attentes s’agissant d’améliorer le manque d’entretien des infrastructures routières qui représentent 30% des accidents mortels.